VIVRE PLEINEMENT LES DEUILS
Le deuil fait partie de nos vies.
Le Larousse définit le deuil comme un « Processus psychique mis en œuvre par le sujet à la perte d'un objet d'amour externe. »
Il est précisé que le mot deuil vient de l’ancien français « duel », du bas latin « dolus » signifiant « douleur ».
Le deuil survient donc quand nous devons nous séparer de quelque chose, d’une personne, d’une situation, d’un endroit... Et ce peut être douloureux à vivre. Des deuils nous en vivons donc plein :
Un divorce
Un déménagement
Quitter son entreprise, son job, ses collègues…
Se séparer de personnes qu’on ne verra plus jamais
Voir nos enfants quitter le nid familial pour prendre leur envol
Mettre fin à une amitié
Etc…
Le deuil ultime bien sûr est celui auquel nous sommes confrontés quand un proche décède…
Le deuil parle donc de séparation.
Comment nous séparons nous dans la vie de tous les jours ? Est-ce que les séparations sont faciles, ou au contraire, quitter un endroit et des personnes aimées, est douloureux ? Prenons-nous le temps de nous dire au revoir ? ou au contraire, partons-nous vite ? Promettons-nous de nous de trouver une solution pour rester en contact ?
Quelle façon avons-nous de prendre soin de nous au moment de la séparation ?
Comment répliquons-nous au quotidien notre manière de nous séparer ?
La manière dont nous nous séparons, parle de notre manière d’être en communication avec notre environnement. Elle parle aussi de notre Etre. Comment sommes-nous en paix avec nous-mêmes ?
Alors comment serons-nous à même de traverser la séparation ultime d’avec un être proche ?
Par conséquent, l’idée de bien vivre le moment présent devient urgent, c’est même vital. « La mort constitue la condition qui nous permet de vivre la vie de façon authentique. » Irvin Yalom, Thérapie Existentielle*. En effet, elle nous rappelle que l’existence ne peut pas être ajournée. Alors l’idée est de bien vivre. Se séparer est moins douloureux quand on a vécu pleinement la rencontre.
Et de même, l’idée de la mort est moins effrayante quand on a pris le temps de bien identifier comment nous souhaitions vivre notre vie, et que nous avons réalisé ce qui était important pour nous.
Alors s’efforcer de se séparer en conscience, de chaque situation, c’est prendre le temps de fermer chaque page de vie sereinement. C’est repartir en prenant le temps de partager avec cet « autre » tout ce que nous avons vécu de bon ensemble. C’est repartir avec toute la richesse de la relation et/ou de la situation vécue.
Cela permet d’ouvrir par la suite d’autres rencontres, d’autres nouvelles situations, relations, et de les vivre plus sereinement, car nous saurons nous séparer avec « le plein » de la relation, plutôt que focaliser sur « le manque » de la relation.
Vous pouvez faire ce petit exercice pour vous-même, histoire de voir où vous en êtes…
On vous annonce que vous mourrez dans 6 mois. Ecrivez-vous une lettre à vous-même où vous prendrez le temps de décrire comment vous souhaitez vivre ces 6 mois…
Quel bilan tirez-vous de cet exercice ? Menez-vous votre vie pleinement ? Faites-vous des choix en pleine conscience ? Subissez-vous vos événements de vie ?
« Apprendre à bien vivre équivaut à apprendre à bien mourir. » Irvin Yalom*
Notre manière de nous séparer parle aussi de notre manière d’être, d’Etre. Notre degré de confiance en nous, de notre sentiment de sécurité intérieure, de notre façon de profiter pleinement de l’instant présent, etc…
En effet, l’angoisse, un des maux de notre siècle, serait une réaction à la peur de la mort. Pour S. Freud, l’angoisse est une forme de réaction à l’impuissance, sentiment auquel nous sommes particulièrement exposés en cas de mort d’un proche. Pour Irvin Yalom*, la mort est une des sources principales de l’angoisse.
Dans la mythologie grecque, la mort Thanatos et le sommeil Hypnos, sont frères jumeaux. De nombreux cliniciens ont émis l’hypothèse que la peur de la mort constitue un facteur important de l’insomnie.
Et si nous considérions les choses différemment ?
« L’expérience, ce n’est pas ce qui nous arrive, mais ce que nous faisons avec ce qui nous arrive. » Aldous Huxley*
Alors vivez pleinement chaque événement, et prenez soin de vous séparer de chaque situation ou personne.
Faites des choix de vie en pleine conscience. Projetez-vous sur le jour venu où vous ferez un bilan de cette vie, afin que vous vous sentiez plein de ce que vous avez vécu, et non dans l’attente hypothétique que vos désirs se réalisent enfin…
Dans tous ces deuils à faire, se séparer sera alors certes douloureux, mais plus serein.
*Irvin Yalom, psychiatre, psychothérapeute et écrivain américain, né en 1931 à Washington.
*Aldous Huxley, (1894 – 1963) est un écrivain, romancier et philosophe britannique.